Les mystères d’Osiris au mois de kyahk

Jeudi 24 Décembre 2020-00:00:00
' Père Gérard Viaud

En Egypte, de nombreuses traditions anciennes survivent toujours, c’est le cas des mystères d’Osiris dont la célébration correspondait avec le mois de kyahk. Le 10 décembre commence le mois égyptien de kyahk qui a une importance particulière dans la tradition copte et dans les coutumes populaires en Egypte. Jusqu’à nos jours, les mystères d’Osiris survivent dans les traditions égyptiennes du mois de kyahk avec la germination de graines. Les gens mettent du coton dans un plat et y placent des grains de blé, du foul, du maïs ou des lentilles et le tout est arrosé avec de l’eau afin que le coton soit bien humide. Ces graines vont germer et donner une belle décoration verte. Ainsi, chaque année, de nombreuses familles, surtout coptes, procèdent à cette opération pendant le mois de kyahk qui prépare à la fête de la Nativité célébrée le 25 décembre chez les Catholiques et le 7 janvier chez les Coptes. Jadis, en cette même période du mois de kyahk, les Egyptiens célébraient les mystères d’Osiris, le dieu martyr. Ils confectionnaient des statuettes de terre humide et y plaçaient des grains de blé qui germaient. Ces statuettes recouvertes de verdure devenaient ainsi le symbole d’une nouvelle vie pour Osiris, une sorte de résurrection.

L’égyptologue Auguste Mariette, dans son livre “Dendera IV”, avait noté ce qui suit à ce sujet: “Des représentations des mystères publics nous apprennent que leur thème fondamental était l’immortalité, même confrontée à la mort inhérente dans chaque créature. Il n’y a pas de mort finale, mais des changements d’état à travers une série de genèses, de la graine au fruit qui devient graine à nouveau. Lorsque le roi coupait lui-même le rouet avec sa faucille dorée durant la moisson, cela représentait la mort d’Osiris. Le battage évoquait le démembrement par Seth (du corps d’Osiris), alors que la semence était son enterrement”.

Ces mystères d’Osiris étaient célébrés chaque année par les Egyptiens en faisant germer du blé dans les statuettes de terre afin de symboliser la résurrection du dieu dont le corps avait été dépecé par Seth et dont les morceaux avaient été éparpillés en Egypte.

Les Chrétiens d’Egypte, héritiers de ce rite osiriaque comme de beaucoup d’autres traditions anciennes, préparent donc la célébration de la naissance du Christ en faisant germer des graines, ce qui est une invitation à renouveler leurs vies et leurs sentiments avant la fête de Noël... comme un grain de blé qui meurt en terre afin de donner un bel épi. Les “Osiris végétants” de l’Egypte ancienne se retrouvent ainsi toujours dans l’Egypte moderne.